Basile Bernard

La victime, la posture et l’alibi.

En 2012, j’ai écrit « Je me suis fait larguer ». C’était à l’origine un programme quotidien que l’on recevait par mail, et c’est ensuite devenu un livre édité par Eyrolles. Lors de la promotion de ce livre, j’ai produit beaucoup de contenu pour positionner ce site sur les thématiques de la rupture amoureuse. Il reste quelques exemplaires du bouquin à la vente, mais je ne vends plus le programme. 
Le contenu ci-dessous date de cette époque et génère encore un peu de trafic sur ce site.

Il n’y a pas pire ennemi que le cerveau d’une personne fraichement séparée.

Je ne parle évidemment pas des stratagèmes que chacun peut élaborer – et dont certains parfois usent – pour obtenir de son ex monts, merveilles, vessies et lanternes.

Je parle des stratégies inconscientes qui se mettent en place, à notre corps défendant, lorsque, irrité des conséquences d’une rupture, l’on raconte à ses proches toutes les bassesses dont l’Autre est forcément coupable.

[sociallocker]En effet, les gens sont ainsi faits n’ils n’exultent réellement qu’après avoir vomi leur bile et expliqué dans les grandes largeurs à quel point leur ex porte la responsabilité exclusive de leur rupture.

Las, tout acquis à votre cause qu’ils soient, les vrais amis se reconnaissent à ce qu’ils vous confronteront aux incohérences de vos explications – soyons honnête, il faut être deux pour se disputer. Et vous voilà à vous contorsionner, poursuivant la logique, afin de garder la face sans vous dédire et complétant votre histoire par des « oui mais ce que tu ne sais pas, c’est que… » ou encore « tu dis ça parce que tu ne la/le connais pas, mais… »

Vos amis, croyant vous rendre service, vous font en réalité répéter et améliorer un argumentaire inadmissible. Tels maître Verges défendant Klaus Barbie ou Carlos – non, pas « papayou », l’autre – vous peaufinez votre rhétorique douteuse et néanmoins implacable. Votre cerveau, non content de trouver à se faufiler dans les moindres biais cognitifs, a une efficacité redoutable… sur vous même.

Après quelques temps, vos amis ont renoncé à vous faire admettre votre part de responsabilité et votre scénario est parfait. Vous le déroulez avec tant de facilité, avec une telle assurance, que son côté inattaquable achève de vous convaincre : ça s’est vraiment passé comme ça.

Au delà du drame que représente le fait de ne pas admettre ses erreurs, si minimes soient-elles, le risque est de devenir votre scénario, d’incarner votre cliché. Je ne compte plus le nombre de personnes qui, dix ans après leur rupture, sont encore cantonnés dans leurs comportements à reproduire le sketch de la mère courage quittée par un irresponsable ou le loser amoureux transi que la femme de sa vie a quitté pour un plus riche.

C’est bien gentil tout ça, mais concrètement ?

Lorsque l’on vous demande d’expliquer votre rupture, quelle histoire racontez vous ?

  • Quels détails passez vous volontairement sous silence pour ménager votre égo ?
  • Quelle part d’ « habitude » y-at’il dans la manière dont vous racontez cette histoire ?
  • Serait-ce si grave de dire la vérité, toute la vérité ?
  • Concernant votre rupture, vous seriez pas un peu mytho ?

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